Crédit photo : Flickr (Jean-François Gornet)

Porteurs de projets, créateurs, collectivités, associations, entreprises, franchises, investisseurs…Tous se retrouveront, mardi 11 octobre 2016, sur le salon Parcours France à l’Espace Champerret. Le temps d’une journée, les uns pourront présenter, consolider, nourrir leur projet de quitter Paris pour un nouvel horizon personnel et professionnel; les autres exposer les opportunités offertes sur leur territoire, les emplois proposés au sein de leur entreprise, les dispositifs et accompagnements mis en place pour passer du rêve à la réalité. Au total une centaine d’exposants et quelques 5000 visiteurs sont attendus lors de l’événement. Nous vous présentons quelques uns des acteurs qui feront l’édition 2016.

Parmi eux, les réseaux et opérateurs d’accompagnement à la reprise d’entreprise, qui viendront sur le salon avec plusieurs milliers d’opportunités à saisir en région. Jean-Pierre Robin, Délégué du CRA Paris (Cédants et Repreneurs d’Affaires) et Nathalie Montesinos, chef de projet Transentreprise à la Chambre de Commerce et d’Industrie Auvergne détaillent les outils, préalables et facteurs clés pour une reprise réussie.

1- Quels types d’appui peut trouver, en région, un candidat à la reprise d’entreprise ?

Jean-Pierre Robin - Il peut s’appuyer sur des réseaux très actifs et solidement ancrés dans les territoires, comme le CRA, qui compte 70 délégations dans toute la France, les réseaux consulaires (CCI, Chambres des Métiers), des sites spécialisés comme Fusacq, les fonds d’investissement régionaux, les comités d’expansion…Les banques régionales et les experts comptables, qui comptent souvent parmi leurs clients des cédants potentiels, sont également des points d’appui indispensables, susceptibles d’intervenir dans la transaction.

 

Nathalie Montesinos - Le réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) et des Chambres de Métiers et de l’Artisanat (CMA) apporte son appui aux repreneurs d’entreprise sous forme de conseil individuel, de sessions d’information collective ou encore de formation. Les conseillers CCI et CMA peuvent informer les futurs entrepreneurs sur l’environnement économique local et les orienter vers des experts. Ils seront également une ressource importante pour aider le porteur de projet dans sa recherche d’entreprises. La bourse d’opportunités www.transentreprise.com, par exemple, propose près de 10.000 offres d’entreprises et locaux à reprendre validées par les CCI, les CMA ou les experts partenaires et mises à jour quotidiennement.

Les repreneurs peuvent également se rapprocher des collectivités territoriales comme les Conseil Régionaux, les Conseils départementaux ou les Communautés de Communes qui s’investissent souvent dans l’accueil des nouvelles populations.

Sans oublier les réseaux Initiative France ou Réseau Entreprendre qui octroient des prêts d’honneur, sous certaines conditions, pour aider les porteurs de projet à «boucler» leur plan de financement.

2- Comment bien choisir le territoire où reprendre une entreprise ?

Nathalie Montesinos - Connaître le territoire est sans doute un avantage. Les recherches, les contacts avec les réseaux locaux et les différentes démarches s’en trouvent facilités.

Il sera alors plus aisé de vérifier l’adéquation entre l’entreprise visée et son territoire pour s’assurer de son potentiel et si nécessaire repenser son positionnement, réorienter une partie de l’activité ou développer de nouveaux produits ou services.

S’installer dans une région que l’on découvre en même temps que l’on prend les rênes d’une affaire peut exposer le repreneur à des difficultés supplémentaires - d’ordre professionnel mais aussi familial - alors même que son statut de nouveau chef d’entreprise lui demande un investissement personnel important.

Jean-Pierre Robin – C’est d’abord un territoire qui fait l’objet d’un consensus au sein de la famille : soit que le conjoint s’accorde à suivre le repreneur et à s’installer dans une nouvelle région, soit qu’un compromis, une organisation viables puissent être mis en place si le conjoint conserve son job et que le repreneur part seul. C’est ensuite un territoire qui offre un environnement, un dynamisme économique, une densité d’infrastructures et d’acteurs locaux propices au développement de l’entreprise.

«La bourse d’opportunités www.transentreprise.com propose près de 10.000 offres d’entreprises et locaux à reprendre» - Nathalie Montesinos, chef de projet chez Transentreprise

3- Quels sont les outils proposés par le CRA et Transentreprise pour identifier la bonne affaire ?

Jean-Pierre Robin – Sur notre site sont recensés plusieurs centaines d’entreprises à reprendre dans toute la France. Au delà de la base de données, les 200 délégués du CRA, anciens dirigeants, offrent un accompagnement personnalisé aux candidats à la reprise. Le CRA propose également des formations spécifiques, d’une durée de 3 semaines, qui appréhendent toutes les dimensions d’une reprise : construction du projet, recherche, négociation, management…Nous avons enfin déployé, dans chaque région, des groupes de repreneurs, qui se réunissent régulièrement pour faire le point sur leur recherche, échanger leurs expériences et se soutenir mutuellement.

Nathalie Montesinos - Transentreprise est le dispositif d’accompagnement à la reprise des Chambres de Commerce et d’industrie et des Chambres de Métiers et de l’Artisanat. Il fonctionne dans 77 départements en partenariat avec des experts et l’appui de certaines collectivités. Ce réseau est un véritable «accélérateur de transmission» qui propose différents outils pour informer et conseiller les cédants et les repreneurs (guides pratiques téléchargeables sur la reprise et la transmission, vidéos, conférences…), qualifier les entreprises à reprendre, faciliter le rapprochement entre cédants et repreneurs potentiels. A partir d’un espace personnalisé, les repreneurs peuvent enregistrer leurs critères de recherche, éditer une fiche de présentation de leur projet, s’abonner à une alerte mail, faire connaître leur projet de reprise et suivre les demandes de mise en relation.

Crédit photo : Flickr (Frédéric BISSON)

4- Par rapport à l’Île-de-France, quels sont les avantages particuliers de la «Province» pour une reprise d’entreprise ? Les inconvénients ?

Nathalie Montesinos - Il n’y a pas une «Province» mais des territoires assez variés composés de grandes villes, villes moyennes, zones rurales… Il est donc difficile de dresser une liste des avantages et des inconvénients propres à la «Province». Certains vont mettre en avant la qualité de vie, l’environnement, des coûts moins élevés, un accès au logement plus aisé, des politiques d’accueil facilitant l’installation des nouveaux arrivants… mais regretter parfois l’isolement, le manque d’infrastructures, une offre culturelle moins étoffée… Si l’on compare le prix des affaires à reprendre, on constate, en moyenne, des prix moins élevés en «Province» qu’en Île-de-France mais la localisation n’explique que très partiellement la valeur d’une entreprise. Reprendre une entreprise en «Province» est en tout cas, pour beaucoup, un choix de vie tout aussi personnel que professionnel. Les avantages et inconvénients perçus par le repreneur seront très liés à ce projet de vie global.

Jean-Pierre Robin - En région, le marché est moins tendu, moins encombré qu’en Île-de-France, avec une grande diversité d’entreprises à reprendre et moins de prétendants pour chacune. Les opérateurs régionaux sont très actifs, très mobilisés, et les des dispositifs d’aide et accompagnement souvent très complets. Les inconvénients peuvent être liés à la position du conjoint, s’il doit rester en région parisienne et que le repreneur ait à jongler entre deux territoires, le familial et le professionnel.

5- Quelles sont les régions offrant le plus fort potentiel d’entreprises à reprendre ?

Jean-Pierre Robin – Selon les données que nous avons compilées pour 2015, les régions Pays de la Loire et Poitou-Charentes représentent 14 % du nombre d’entreprises à reprendre, devant Rhône-Alpes (9 % du volume) et derrière l’Île-de-France (20 %)

Nathalie Montesinos - L’offre de petites entreprises artisanales, commerciales et de services est assez homogène dans toutes les régions et elle représente globalement 90 % des affaires à reprendre. En 2015, près de 40.000 fonds de commerce ont changé de main. Les offres de PME à reprendre sont moins nombreuses mais sont présentes sur tout le territoire y compris dans des zones à caractère rural. Certaines régions accueillent des entreprises dans un secteur d’activité spécifique, en raison d’un savoir-faire technique historiquement présent ou de l’implantation d’un pôle de compétitivité autour d’une thématique, d’une filière.

«La reprise est un marathon, qui dure en moyenne 14 mois, et pour arriver au bout il faut être bien entouré, bien formé, bien préparé» - Jean-Pierre Robin, Délégué du CRA Paris (Cédants et Repreneurs d’Affaires)

6- Quels sont à vos yeux les 3 facteurs clés pour réussir sa reprise ?

Nathalie Montesinos – D’abord réfléchir à son projet et y associer ses proches. Il est primordial avant toute démarche de mesurer sa motivation, d’évaluer ses compétences, d’identifier ses points faibles et d’estimer les ressources nécessaires au développement du projet, qu’il s’agisse de formation, de financement ou de conseils. Il est tout aussi important de mesurer les incidences du projet sur la vie de ses proches (conjoint, enfants…) et de s’assurer qu’ils sont prêts à partager cette «aventure».

Ensuite définir sa cible et cadrer son projet. Le porteur de projet doit définir aussi précisément que possible les critères de l’entreprise «cible» : activité, zone géographique, niveau de chiffre d’affaires et de rentabilité, nombre d’emplois, la fourchette de prix d’achat en fonction de ses disponibilités financières… Ensuite, il est conseillé de passer par une phase d’écriture. Mettre son projet «noir sur blanc». Cela peut paraître superflu; c’est pourtant une étape à ne pas négliger. Rédiger une fiche de cadrage, présentant ses motivations, ses critères de recherche, permettra de simplifier les échanges avec les différents interlocuteurs rencontrés comme les réseaux d’accompagnement, les experts, les organismes bancaires et, bien sûr, les dirigeants en recherche d’un repreneur.

Enfin, ne pas rester seul. Se faire accompagner par une structure d’appui comme les CCI ou les CMA et prendre conseil auprès d’experts augmente les chances de réussir sa reprise et d’assurer l’avenir de l’entreprise. Le repreneur est confronté à des choix, il est assailli de questions, il doute parfois. Une expertise, un avis extérieur, une alerte sur un point juridique, fiscal, social… l’aideront à prendre des décisions, à minimiser les risques et à trouver des solutions. Les conseillers et experts qui aideront le repreneur à avancer dans son projet seront, en outre, des ressources « post-reprise » pour l’accompagner dans le développement de son entreprise. Un atout non négligeable pour avancer sereinement !

Jean-Pierre Robin - Je citerais en premier une volonté d’entreprendre réelle et longuement mûrie. Beaucoup de repreneurs sont d’ancien cadres de grandes entreprises. Pour passer sans encombres d’un poste de sous-pilotage dans un paquebot aux commandes d’une vedette rapide, il faut cette flamme qui emporte tout sur son passage; deuxièmement une panoplie à peu près complète de compétences transverses, qui permette cette même transition entre le grand bâtiment et la corvette mobile, avec une forte composante commerciale, puisqu’il s’agira avant tout de vendre son projet au dirigeant en partance, aux banquiers, aux salariés, avant de développer le chiffre d’affaires de l’entreprise. Le troisième facteur, crucial, c’est le soutien et l’accompagnement de sa famille comme de réseaux professionnels. La reprise est un marathon, qui dure en moyenne 14 mois, et pour arriver au bout il faut être bien entouré, bien formé, bien préparé.